Les toitures de chaume sont certainement les toitures les plus primitives après les cabanes recouvertes de feuillage. Ce savoir-faire ancestral s’est transmis de génération en génération, utilisant des matériaux et des techniques variant selon les régions : les chaumières de Bretagne, de Normandie, de Brière, du centre de la France, des Pyrénées ou de Camargue ont des esthétiques différentes, mais font toutes office de couverture robuste et possédant une durée de vie allant de 35 à 60 ans.
Traditionnellement, on couvrait avec de la paille de seigle, de blé, de phragmites (roseaux communs), ou même en genêt et en bruyère. Aujourd’hui subsistent essentiellement les toitures en roseau et, plus rarement, en seigle. Le terme “chaume” comprend tous les types de fibres et céréales mentionnés utilisés en couverture ou parement vertical.
Le chaume
Le roseau commun (de son nom latin phragmites australis) est récolté en hiver, après que les feuilles soient tombées, et avant la nidification des oiseaux. La coupe s’effectue désormais par machines, certaines pouvant récolter plusieurs hectares par jour.
Le roseau est une plante annuelle: elle repousse tous les ans, et ne nécessite pas de gestion particulière. Le roseau pousse en effet par rhizome (même s’il a des graines, le développement se fait essentiellement par son territoire de pousse). Le matériau est léger, durable, et canalise une grande quantité de dioxyde de carbone.
La qualité du roseau a un impact important sur la toiture: les tiges doivent être droites, d’une longueur minimale d’1m20, avec un pourcentage d’humidité de 17%. La plante est naturellement résistante à l’eau et à l’humidité et agit comme une “éponge pleine” lorsque le toit est mouillé: les premiers centimètres de la toiture vont se gonfler avec l’eau, puis va se créer une couche sur laquelle le surplus d’eau viendra ruisseler. Il n’y a de fuite qu’en cas d’erreur de pause ou lorsque la toiture devient trop ancienne et nécessite une réparation.
Le temps de pose pour un toit de chaume est sensiblement plus long que pour une toiture conventionnelle. En revanche, les prix sont similaires lorsqu’on compare à une pose en ardoise, par exemple. Cela s’explique par le fait que le chaume est un isolant lui-même. Il est généralement posé avec 40 centimètres d’épaisseur pour être aussi isolant qu’une toiture en ardoise isolée.
Un toit de chaume, comme toute autre toiture, a besoin de maintenance. On recommande une visite de vérification de la toiture tous les 5 à 8 ans, selon la matière utilisée et d’autres paramètres comme l’épaisseur, la présence de vents forts et violents, la fréquence des pluies, et le type de faîtage.
Comme il existe plusieurs types de pose du roseau et d’autres matériaux, il existe également divers faîtages. En France, on retrouve principalement : les faîtages recouverts de ciment ou de chaux, avec ou sans tuiles, et les faîtages dits naturels avec un recouvrement d’un mélange de terre, tourbe, argile et paille, le tout parfois maintenu par des plantes de la famille des succulentes, ou des iris.
Chiffres clés
professionnels en France
hectares de roselières en Bretagne
région française en surface de roselière
L’association française ANCC (Association Nationale des Couvreurs Chaumiers) a été créée il y a plus de 30 ans et a l’objectif de regrouper et représenter l’ensemble des professionnels sur tout le territoire français. Elle est également la plateforme de rédaction pour les règles professionnelles et favorise les échanges entre ses membres. Favorisant la promotion de cet artisanat et des toitures de chaumes, elle promeut également la qualité professionnelle et propose des actions d’information et de formation accessibles aux débutants, intermédiaires et confirmés.
En 2019, une nouvelle énergie est née dans le groupe, et mise au dessein de réécriture des directives professionnelles pour les chaumiers. Elles sont actuellement toujours en rédaction, et, une fois terminées, elles seront également accessibles grâce à des formations spécifiques pour d’autres corps de métiers, afin de favoriser la compréhension du savoir-faire et promouvoir les bonnes pratiques.
De plus, diverses activités telles que des ateliers lors d’événements grand public, des cours pour les étudiants d’écoles spécialisées, la participation à des événements dédiés à l’artisanat et de manière générale à la construction écologique font partie de l’agenda annuel de l’ANCC.
Enfin, l’ANCC est fière de faire partie de l’ITS depuis le début de l’année 2023 ainsi que de [FB]2, ce qui lui permet d’apprendre de ses pairs à l’international, ainsi que d’étendre son réseau et de rendre le métier de chaumier plus connu et plus accessible.
Si vous êtes professionnel du bâtiment ou amateur.rice de chaume, n’hésitez pas à rejoindre l’ANCC sur le groupe Facebook https://bit.ly/ANCCgroupeFB ou à visiter le site internet: chaumiers.com.
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