La culture du chanvre fournit une matière très abondante en un cycle de 5 à 6 mois, à raison d’environ 6 tonnes à l’hectare, soit un volume de 60 m3 de produit.
Renouvelable, sans impacter les cultures destinées à l’alimentation, cette plante vient en tête d’assolement ; elle ne nécessite pas d’intrants et n’a pas besoin d’irrigation. Elle ameublit les sols grâce à son système racinaire et les enrichit en humus. Elle rompt les cycles des maladies et réduit l’apparition des mauvaises herbes. Le chanvre est un réservoir à biodiversité. Les produits issus de cette plante sont transformés localement, dans un rayon moyen de 150 Km.
Un hectare de chanvre absorbe 15 tonnes de CO2, autant qu’une forêt, et en fin de vie, ce matériau est recyclable.
Lin et chanvre
La filière du chanvre dans la construction existe depuis 1998.
Elle est unique dans sa composition en regroupant l’ensemble des acteurs concernés, associés et solidaires, venant de secteurs aussi différents que l’agriculture, la transformation, l’industrie, la recherche, la construction, la conception des bâtiments et la distribution.
L’ensemble des chanvrières, des industriels de seconde transformation, des fabricants de liants, des laboratoires de recherche sur les matériaux de construction, sont tous membres de « Construire en Chanvre ». Ce modèle de structuration transversale au niveau national, se décline en région ; il est porté en Bretagne par l’association « Lin et Chanvre en Bretagne ».
Le lin a des similitudes avec le chanvre et il suit ce modèle d’organisation pour ses marchés de l’isolation, en complémentarité avec les bétons et les mortiers de chanvre.
Chiffres clés
Production mondiale de chanvre
Surface cultivée dans l’ouest de la France
Croissance des ventes d’isolants
La production mondiale de chanvre avoisine les 100.000 hectares dont 33.000 hectares en Europe et 20.000 hectares en France.
L’ouest de la France cultive environ 10 % de la surface nationale et la construction n’utilise que 14 % de la chènevotte disponible (également appelée paille ou copeau de chanvre, la chènevotte est la partie ligneuse du chanvre qui subsiste après séparation de la filasse).
Donc, le secteur du bâtiment dispose d’un potentiel de développement gigantesque et une réserve de matière, avant même d’envisager un accroissement des surfaces cultivées. La Bretagne assure des formations aux artisans depuis 1995, à raison de deux cessions par an. Le nombre d’entreprises compétentes doit permettre un développement des marchés sans difficulté. La croissance des ventes de certains isolants à base de chanvre a été de l’ordre de 24 % en 2019.
Le chanvre se distingue au niveau de la culture par un contrôle des variétés ayant moins de 0,2 % de THC (tétrahydocannabinol).
Pour la construction, la filière chanvre dispose d’une ACV (Analyse de Cycle de Vie) depuis 2006.
Une FDES (Fiche de Déclaration Environnementales et Sanitaires) a été réactualisée en 2018. Elle est disponible sur la base INIES (inies.fr : données environnementales et sanitaires de référence pour le bâtiment).
Pour construire en béton et mortier de chanvre, la filière a obtenu une première validation des règles professionnelles par l’Agence Qualité Construction en 2008. Ces règles ont évolué en 2012 et ont été renouvelées pour devenir définitives en été 2020. Le classement en technique courante devait être établi à la commission suivante d’examen de la C2P, sous-commission de l’AQC. En 2018, un budget de 303.000€ avait été mobilisé pour un large plan d’expérimentation à 3 ans destiné à des tests de comportement au feu. Les premiers essais sur maquettes ont été stoppés après 4 heures d’épreuve car il ne se passait rien ni en combustion, ni en effets annexes, les bétons et mortiers de chanvre résistent… !
Rendues officielles par l’Agence Qualité Construction en juillet 2024, l’évolution des Règles professionnelles, validées par la Commission Prévention Produits (C2P), remplacent et diffèrent de celles éditées en 2012.
Grâce à ces nouvelles règles, la garantie décennale est rendue possible pour tous les bâtiments dont le plancher bas du niveau le plus haut n’excède pas 28 m de hauteur (R+7) ainsi que toutes les catégories d’ERP (établissement recevant du public) dont les parois verticales sont conçues à base de béton de chanvre.
Règles professionnelles 2024